Paratonnerre
Le paratonnerre est un système découvert en 1752 par Benjamin Franklin. Il était conçu à l'origine afin d'«écouler à la terre le fluide électrique contenu dans le nuage orageux et ainsi empêcher la foudre de tomber».

Catégories :
Composant électrique - Électrotechnique - Instrument de mesure météorologique - Sécurité électrique
Page(s) en rapport avec ce sujet :


Photographie prise à 21h20 le 3 juin 1902 et publiée dans le Bulletin de la Société Astronomique de France en mai 1905.






Le paratonnerre est un système découvert en 1752 par Benjamin Franklin. Il était conçu à l'origine afin d'«écouler à la terre le fluide électrique contenu dans le nuage orageux et ainsi empêcher la foudre de tomber». Depuis ces notions portent le nom d'effet de pointe en électrostatique et de cage de Faraday. Pour construire une protection contre la foudre, il faut construire une cage de Faraday enveloppant l'édifice à protéger.
Principe de fonctionnement
Son fonctionnement est actuellement mieux connu. La structure d'un paratonnerre se compose d'une tige positionnée en hauteur puis connectée à la terre par un ou plusieurs éléments métalliques nommé (s) conducteur (s) de descente capable (s) de conduire cette électricité : ces conducteurs peuvent faire partie de la cage de Faraday.
Le paratonnerre n'attire totalement pas la foudre mais rend plus probable grâce à l'effet de pointe le parcours d'un claquage du diélectrique que forme l'atmosphère. Ce claquage suit un parcours fréquemment initié par un précurseur.
Différents types de paratonnerres existent mais les trois plus courants sont : la pointe simple (dite pointe de Franklin), le paratonnerre à système d'amorçage (PDA) et la cage maillée (cage de Faraday).
Dans le cas de la cage maillée, le dispositif de protection est constitué de plusieurs pointes, couvrant toute la toiture et les arêtes du bâtiment à préserver. Les pointes sont reliées entre elles par des filins conducteurs interconnectés, reliés à la terre et formant une cage (dite cage de Faraday). Il est inutile de l'élever particulièrement haut.
Dans le cas de la pointe simple ou du PDA le dispositif de protection est constitué outre l'organe de capture d'une ou deux descentes associées chacune à une prise de terre.
- La pointe d'une tige est entourée d'un champ électrique en période orageuse. Si l'arc électrique (l'éclair) se dirige vers l'une des pointes, alors il finira sa course dans les câbles de descente (au lieu de passer par le bâtiment).
- Une pointe unique a une utilité réduite, car rien ne garantit que l'éclair tombera à cet lieu : il existe des témoignages nombreux confirmant que la foudre peut tomber juste en dessous ou à côté d'un paratonnerre, dégradant ainsi le bâtiment supposé être protégé.
Zone protégée
Le modèle aujourd'hui reconnu pour évaluer la zone protégée est le modèle électrogéométrique. Il consiste à considérer qu'un bâtiment (quelle que soit sa hauteur, qu'il soit ou non équipé d'un paratonnerre) n'est protégé que sous une sphère qui y est accolée. C'est à dire, on prend une boule (sphère) géante et imaginaire qu'on fait rouler jusqu'au contact contre le bâtiment.
- L'espace localisé en dessous du point de contact est supposé protégé.
- La taille de la boule (rayon de la sphère) dépend de l'intensité de l'éclair dont on espère se protéger (de 5 mètres uniquement pour un petit choc, à 200 mètres pour des chocs particulièrement rares et intenses).
- Vu sous un autre angle, seuls les gros chocs de foudre seront attirés par les hauteurs du bâtiment ou les pointes de paratonnerres.
- Potentiellement, le bas d'un bâtiment risquera toujours un éventuel choc de foudre. Par conséquent la foudre peut tomber partout (même entre deux pieds de la tour Eiffel).
- En s'éloignant du bâtiment, aucune protection spécifique n'est constatée. L'idée que la pointe du clocher protège tout le village est à oublier.
- Cela implique aussi qu'il n'est pas particulièrement utile d'élever exorbitantment les paratonnerres ni particulièrement malin de tout miser sur eux.
Enfin, ce modèle n'a été observé que pour les décharges négatives (90 % des cas), aucune réelle protection n'étant constatée avec les chocs positifs (10 % des cas).
Conclusion : la notion de «zone protégée» connue culturellement est à relativiser fortement.
Intérêt et limite de la protection
Il est rare de subir un choc direct de foudre. Le plus fréquemment, les dégradations et pannes sont causées à distance par l'onde magnétique, car un éclair dégage une onde particulièrement puissante. C'est cet effet indirect qui est responsable de la majorité des pannes électriques ou électroniques.
- Cela implique qu'un paratonnerre ne protège en rien les matériels électroniques (au contraire, si l'éclair touche il tombe au plus près des appareils).
- Cependant, s'il y a plusieurs conducteurs de descente vers la terre, il peut y avoir en prime un effet réducteur de l'onde magnétique (à l'intérieur du bâtiment).
- L'objectif d'un paratonnerre est uniquement d'éviter des incendies et des dégradations de la structure du bâtiment.
- Il est important d'avoir plusieurs conducteurs de descente (capables d'écouler le choc de foudre) et bien situés. Ces conducteurs doivent être reliés aux masses métalliques proches pour éviter des arcs électriques : à l'instant du choc, deux extrémités d'un même câble ne sont plus au même potentiel (il peut y avoir plusieurs milliers de volts d'écart).
Autres protections
La sécurité offerte par cet outil fréquemment coûteux doit par conséquent être relativisée, malgré les croyances et les conseils commerciaux. Il garde l'intérêt décrit ci-dessus, ni plus, ni moins.
- Pour les constructions individuelles, les spécialistes en CEM (compatibilité électromagnétique) connaissent des techniques simples, efficaces et peu coûteuses sur les façons de câbler l'installation électrique pour protéger les matériels.
- Ces conseils font fréquemment partie des normes actuelles, surtout pour des constructions nouvelles (liaisons équipotentielles, absence de boucles sauf sur les masses, etc. ). Recâbler le réseau électrique est plus efficace qu'un paratonnerre pour protéger les matériels.
- Pour protéger aussi le bâtiment, il faut un paratonnerre à plusieurs pointes ou la pose d'une ceinture conductrice sur les arêtes du bâtiment. Cela est contraignant et peu esthétique dans le cadre d'une habitation individuelle. La pose est par conséquent principalement rencontrée en milieu industriel.
- Il est par contre conseillé de poser une pointe au point d'impact si le bâtiment a déjà été touché par un choc direct.
La bonne nouvelle : il est (possible mais) particulièrement rare d'être touché directement par la foudre, que le bâtiment soit ou non «protégé». Par contre, lutter contre les effets indirects (électromagnétiques) est prioritaire car il y a régulièrement des orages.
Attention à ne pas confondre les paratonnerres (dont il est question dans cet article et qui tentent de protéger la structure d'un bâtiment) avec les parafoudres (qui eux protègent les appareils électriques). Les parafoudres sont des protections (efficaces si bien câblées) à faire poser sur le circuit électrique, précisément pour se protéger des surtensions induites.
Paratonnerres à pointe active
Il s'agit de paratonnerres équipés sur leur pointe d'un système visant à accroître la zone de protection.
Paratonnerres radioactifs
Dès 1914, le physicien hongrois Leó Szilárd proposa de renforcer l'ionisation naturelle d'une pointe grâce à des sources radioactives positionnées près de la pointe. Ces théories aboutirent à la commercialisation de paratonnerres «radioactifs» ainsi qu'à des vives querelles entre partisans et opposants aux paratonnerres radioactifs. Dans les années 1980 (1er janvier 1986 en France), conscientes du risque de dissémination des produits radioactifs, les autorités gouvernementales et scientifiques proposèrent d'interdire la fabrication, la vente et l'installation de ces paratonnerres.
On peut cependant en trouver toujours quelquefois sur certains toits anciens. Ils font l'objet d'un programme de récupération par l'Andra et sont classés comme déchets radioactifs de faible activité à vie longue. Dernièrement, l'arrêté du 15 janvier 2008 impose le retrait des paratonnerres à source radioactive protégeant les ICPE (installations classées pour la protection de l'environnement) et leur remise à une filière de traitement des déchets radioactifs avant le 1er janvier 2012[1].
Paratonnerres à systèmes d'amorçage
Il n'en reste pas moins que le perfectionnement du paratonnerre de Franklin consiste à «créer une ionisation nettement supérieure à celle qui résulte de l'effet couronne spontané ou à maîtriser cet effet couronne pour optimiser sa production»[2].
Sur cette base, les Paratonnerres à Système d'Amorçage (PDA) ont fait leur apparition en 1984 en France puis en Espagne qui furent aussi les premiers pays à adopter des normes spécifiques (NF C 17 102 en France, UNE 12 186 en Espagne). Actuellement, ce type de paratonnerres est proposé par un large nombre de fabricants (américains, chinois, australiens, argentins, turcs, indonésiens, etc. ).
Ces systèmes à pointes actives reposent sur la théorie «de l'avance à l'amorçage» : le système d'amorçage permet d'accroître la distance d'amorçage en générant un traceur ascendant précoce (comparé au traceur ascendant naturellement émis par une pointe simple) et ainsi la zone de protection du paratonnerre. «L'analyse du développement des traceurs ascendants, effectuée avec le convertisseur d'image, met clairement en évidence une avance à l'amorçage des traceurs, quand le système auxiliaire est en fonctionnement»[3].
Cependant l'efficacité de tels systèmes reste discutée : après la publication en 2001 par l'INERIS [4] soulignant le manque de relation entre cette avance à l'amorçage et la zone de protection (la zone de protection n'étant pas testable expérimentalement, les valeurs annoncées par les normes ou les fournisseurs ne sont pas vérifiables), une enquête réalisée en France par l'IPSOS auprès des installations industrielles classées pour l'environnement (ICPE) démontre des niveaux de satisfaction équivalents pour les sites équipés de pointes simples (40, 7% des sites SEVESO français), de PDA (36, 2% des sites) et les cages maillées (26, 5% des sites) [5]. Le retour d'expérience après les centaines de milliers d'installations de ce type de paratonnerres dans le monde conforte beaucoup la confiance qu'on peut y accorder même si tout n'est pas démontré scientifiquement. Les recherches dans le domaine de la foudre montrent d'autre part qu'aucune démonstration scientifique ne peut valider la solution technique retenue (PDA ou cage maillée). Rappelons le véritable intérêt d'un paratonnerre : il s'agit en particulier, au cas où la foudre passerait, par hasard, à proximité et risquerait de toucher le bâtiment, de capter et écouler la décharge dans les conducteurs de descente et ainsi de préserver la structure du bâtiment.
Vocabulaire
L'analyse du terme'paratonnerre'semble indiquer qu'il s'agit d'un système contre le tonnerre. Or le tonnerre est le mot qui sert à désigner le craquement généré par la foudre, dû à l'expansion de l'air qui est chauffé particulièrement rapidement. Le paratonnerre ne protège pas contre le tonnerre, mais contre la foudre elle-même. On ne peut cependant utiliser le terme parafoudre, déjà utilisé pour décrire un système contre les surtensions.
Voir aussi
Bibliographie
Notes et références
- ↑ [pdf] Résumé de l'inventaire des déchets radioactifs page 6
- ↑ Claude Gary- La foudre - 3e édition - DUNOD 2004
- ↑ Claude Gary- La foudre - 3e édition - DUNOD 2004
- ↑ Source : rapport de l'INERIS sur les paratonnerres à système d'amorçage
- ↑ http ://www. ineris. fr/index. php?module=doc&action=getDoc&id_doc_object=216 Source : Résultat de l'enquête IPSOS concernant la protection contre la foudre des sites SEVESO (2002)
- ↑ [pdf] Résumé de l'inventaire des déchets radioactifs page 6
- ↑ Claude Gary- La foudre - 3e édition - DUNOD 2004
- ↑ Claude Gary- La foudre - 3e édition - DUNOD 2004
- ↑ Source : rapport de l'INERIS sur les paratonnerres à système d'amorçage
- ↑ http ://www. ineris. fr/index. php?module=doc&action=getDoc&id_doc_object=216 Source : Résultat de l'enquête IPSOS concernant la protection contre la foudre des sites SEVESO (2002)
Recherche sur Amazon (livres) : |
Voir la liste des contributeurs.
La version présentée ici à été extraite depuis cette source le 07/04/2010.
Ce texte est disponible sous les termes de la licence de documentation libre GNU (GFDL).
La liste des définitions proposées en tête de page est une sélection parmi les résultats obtenus à l'aide de la commande "define:" de Google.
Cette page fait partie du projet Wikibis.